Les images radars brutes ainsi que les radars de vélocité sont désormais accessibles sur tous les radars de la métropole, via le site Meteologix. Une grande avancée pour la science, la chasse et la compréhension des orages en France.
Ce 17 mai 2023 restera dans la tête de la plupart des passionnés des orages français. Le site Meteologix, appartenant au groupe suisse Kachelmannwetter, partage dorénavant en libre-accès les données brutes de chaque radar français ainsi que la vélocité de celles-ci.
La détection d’orages rotatifs, de signatures tornadiques, de rafales de vent violentes, de panaches d’incendies devient possible grâce à ces données. La carte la plus précise que nous avions était celle de Météociel depuis des années, et qui permettait déjà de mettre en avant un caractère suspect sur un orage.
On peut donc parler d’une avancée majeure dans la compréhension des orages français, pour les chasseurs d’orages d’une part, mais aussi pour les scientifiques et les organismes d’observation, qui auront tout un lot de nouvelles données pour des futures études scientifiques sur les orages de notre pays.
Pour montrer un exemple concret de la puissance de ces nouvelles données, revenons sur la situation du 6 mai dernier, ou plusieurs splits et structures supercellulaires ont pu être observés :
Sur cette image, qui est centrée sur la Dordogne avec le radar de Grèzes (48), on voit très bien une supercellule dans le nord du département. Elle est d’ailleurs très bien dessinée, avec une sorte d’écho en crochet, la forme de papillon dans le FFD ainsi que l’alimentation au sud du crochet. Sur les deux flèches blanches (ajoutées) qui pointent vers des échos assez particuliers, on observe ce qui ressemble à des “hail spikes” ou pic de grêle en français : un artefact qui se forme lorsque le faisceau radar traverse une zone composée de grosse grêle. Il se présente derrière la cellule qui produit la grêle avec des échos assez faibles, pointant toujours à l’opposé du radar. La présence de ces pics de grêle sur le radar était correcte, car les deux supercellules marquées ont laissé dans leur sillage des grêlons compris entre 2 et 3 centimètres.
En analysant la même image mais avec les vélocités, les flèches dessinées permettent la compréhension de l’image, et mettent en évidence deux zones de vent de direction opposées dans une zone géographique restreinte. On a là la confirmation par une image radar d’une rotation, et donc d’une supercellule bien mature.
Ces nouvelles images doivent être observées de façons complémentaires pour bien comprendre ce qui se passe, et peuvent être utilisées en regardant en même temps les images satellites, les cartes de températures et d’observation…
Mais il est important de rappeler que ces données sont brutes : elles sont remplies d’artefacts, ce qui fait que de mauvaises interprétations peuvent donner une information erronée pour les chasseurs.
On peut parler ici d’une petite révolution qui pourrait profondément changer la façon de chasser les orages en France, et peut-être permettre sur certaines situations une chasse à la tornade.
Le groupe Kachelmannwetter tease déjà la suite, avec de nouvelles fonctionnalités qui arriveront bientôt, comme la détection et l’estimation de la taille des chutes de grêle, la détection d’orages rotatifs, le tout dans une toute nouvelle interface. Autant vous dire qu’on a très hâte !
>> Le radar vélocité de Meteologix est disponible ici.
