Le volcan Honga Tonga, dont l’explosion le samedi 15 janvier s’est faite ressentir à travers le monde entier, a produit une activité électrique exceptionnelle, au niveau des records mondiaux. Retour sur cet orage volcanique fantasmé par nombre de chasseurs d’orages.
Le samedi 15 janvier 2022, le volcan Honga Tonga Ha’apai, situé sur une île de l’archipel des Tonga dans le sud-ouest de l’océan Pacifique explose après plusieurs semaines d’activité, à 17h15 heure locale (5h15 heure française). Cette violente éruption volcanique entraînée par l’interaction entre le magma dans la chambre volcanique et l’eau de mer, provoque un impressionnant nuage de cendre qui s’élève à plus de 17 kilomètres d’altitude jusque dans la stratosphère, et produit un tsunami qui touche de nombreuses zones des côtes Pacifique.
Par ailleurs, l’onde de choc de l’explosion se fait entendre à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde sur les îles voisines, et traverse plusieurs fois le globe. De très nombreuses stations météo dans le monde enregistrent le passage cette onde, caractérisée par un bref sursaut de la pression atmosphérique, jusqu’en France dans la soirée, peu avant 21 heures.
Une activité orageuse hors-normes
Mais un autre phénomène lié à cette éruption et assez peu rapporté par les médias et pourtant tout aussi spectaculaire, est l’activité électrique au sein du panache volcanique. Celle-ci fut extrêmement importante, voire même colossale avec environ 400 000 décharges enregistrées en quelques heures, avec un pic de 200 000 éclairs sur la première heure. Un chiffre qui semble irréel ! A titre de comparaison, l’année 2021 en France, certes assez peu orageuse, a vu seulement 367 400 éclairs nuage-sol enregistrés selon le bilan de Météorage.
D’après cet article très complet de National Geographic, il pourrait tout simplement s’agir d’un record d’activité électrique sur Terre en terme de fréquence et de lieu. L’éruption de l’Anak Krakatau en 2018, situé entre les îles de Java et de Sumatra en Indonésie, n’avait donné « que » 340 000 décharges sur une semaine environ.
Ce diagramme partagé par le météorologue américain Chris Vagasky montre bien l’importante activité électrique, en particulier sur les deux premières heures de l’éruption. On peut constater que la majorité des éclairs détectés sont des nuage-sol de nature négative (CG- en bleu), suivis des éclairs intra-nuageux (IC en gris) et des coups de foudre positifs (CG+ en orange). Un nombre spectaculaire qui se traduit en direct par une cadence de coups de foudre extrêmement soutenue, comme le montre la vidéo suivante, certes de qualité plutôt médiocre, qui a circulé sur les réseaux sociaux les jours suivant l’événement.
Bien que les mécanismes d’apparition des orages volcaniques commencent à être connus (un dossier complet à ce sujet devrait voir le jour prochainement sur le site), les causes de cette activité électrique hors-norme lors de l’explosion du volcan Honga-Tonga ne sont pas encore claires. La présence importante d’eau dans le panache volcanique, venant de l’évaporation de l’eau de mer et se frottant aux particules de cendre a du y jouer un rôle important. Ce qui est sûr, c’est que plus d’un chasseur d’orage aurait rêvé d’assister à cet événement et pouvoir l’immortaliser ! Les orages volcaniques, nouvel Eldorado pour les passionnés français ? Le défi est lancé…