Le 22 juillet 2020, Jean-François Graffand s’est retrouvé par hasard au bon endroit et au bon moment pour capturer un cas d’école de foudre ascendante au cœur des Hautes-Pyrénées. C’est sur l’antenne principale de l’observatoire du Pic du Midi que s’est initié cet impact.
« Arrivé en fin d’après-midi à la gare de téléphérique intermédiaire du Taoulet, d’où je comptais photographier la comète Neowise dans la soirée, le Pic était alors encore dans les nuages. L’ambiance était chargée mais ne semblait pas vraiment orageuse.
Vers 19 h, le tonnerre se fait entendre vers l’Est, une cellule assez active commence alors à remonter vers la vallée de Campan. Au Taoulet, sur la crête à 2300 mètres d’altitude, je suis à l’écart mais reste attentif. La cellule n’est plus qu’à deux kilomètres sur ma droite, et je vois qu’elle ne devrait pas me concerner directement. Mais avec un peu de chance, les conditions sont là pour qu’un impact tombe sur l’antenne. À l’abri dans le bâtiment, j’ouvre la porte et place l’appareil avec la cellule de déclenchement à quelques mètres à l’extérieur, tourné vers le Pic. L’orage, lui, est derrière moi sur la droite et remonte la vallée en direction du col d’Aspin. Je n’ai maintenant plus qu’à rester à l’abri et espérer…
À 19 h 28, « clac ». Une amorce se fait entendre et l’alarme de l’armoire électrique gérant les blocs secours du téléphérique s’enclenche. Pas de doute, un impact est tombé sur la structure, reste à savoir où. Mais je ne me précipite pas sur le boîtier pour vérifier (même si ça me démange) et attend patiemment l’éloignement de l’orage. Il n’y aura pas d’autre impact, mais celui-ci est bel et bien tombé sur l’antenne, dans une atmosphère parfaitement claire.
Jean-François ayant eu le bon réflexe de régler son appareil en mode rafale, l’ascendant a été décomposé sur trois expositions successives, à trois stades différents : l’initiation de l’impact avec les traceurs se ramifiant en direction du nuage ; l’arc-retour avec le canal principal ; et enfin la décroissance en chapelet de ce dernier. Une excellente capture que ce triptyque nous dévoilant la chronologie d’un tel éclair.
Le triptyque recadré à 100% nous révèle cette évolution plus en détails.
Un recadrage plus serré sur le point d’impact et l’observatoire.
L’archive radar nous confirme que le Pic se trouvait effectivement en dehors du noyau de précipitations à ce moment-là, bien que toujours dans une zone potentiellement foudroyante au sein d’un amas de cellules orographiques. Plusieurs facteurs rendaient néanmoins assez probable un tel foudroiement, comme la position isolée du Pic (en faisant une forte proéminence – 2876 mètres – à l’écart de la chaîne), ou encore le très fort effet de pointe généré par la structure et son paratonnerre.
Source : Météo-France via Meteociel.
Un très bel exemple de coup de foudre ascendant, s’initiant comme souvent sur une structure métallique élevée en haute montagne. Si Jean-François n’est pas traqueur d’orages, il avait par chance le matériel adapté et a su saisir cette belle opportunité avec une maîtrise technique exemplaire.
Exifs :
Canon 6D + Tamron 24-70mm (à 70mm)
1/25s | F8 | 100 ISO